Après les « Dieux du stade », place au bois du stade. Présenté comme le stade le plus « vert » au monde, l’ « Eco Park Stadium » est en passe de voir le jour dans la ville anglaise de Gloucestershire, située au nord de Bristol. La future antre du Forest Green Rovers, club de la quatrième division du championnat anglais (League Two), pourra accueillir 5 000 spectateurs (avec possibilité à terme de doubler cette capacité).
Ces derniers découvriront une construction aux courbes modernes quasiment unique dans le monde en son genre, car sa matière première sera le bois. Avec ce stade, l’idée du club est de pousser à changer radicalement la façon dont ces enceintes sportives sont conçues pour contribuer à la lutte contre le changement climatique.
Pourquoi le bois ? « D’un point de vue l'environnemental, 75% de l'empreinte carbone de tous les stades, sur toute leur durée de vie, provient des matériaux dont ils sont faits, a récemment chiffré Dale Vince, le président des Rovers et véritable tête pensante sur ces questions. Il ne s'agit pas de l'énergie utilisée pour les faire fonctionner, c'est une question qui se pose dès le premier jour. » D’où l’intérêt d’avoir recours à ce matériau naturel à « l'empreinte carbone la plus réduite ».
Lui qui a fait fortune avec sa société spécialisée dans l’énergie verte, Ecotricity, promet ainsi l’émission « la plus faible de tous les stades du monde depuis que les Romains ont inventé le béton ». Il a fait appel au bureau mondialement réputé, Zaha Hadid Architects (ZHA), pour imaginer cette structure visant à être neutre en carbone, voire négative avec la fourniture de production renouvelable sur place.
Les architectes, qui ont modifié leur première approche pour y inclure un terrain praticable par tous les temps, ont prévu une stratégie d'aménagement paysager atypique. La structure, dont la construction doit s’étaler sur environ deux ans, va s’insérer au cœur d’un parc contenant 500 arbres, lui-même bordé par environ 2 kilomètres de haies.
Le projet, qui a obtenu le feu vert de la Ligue anglaise de football en février 2021, fera office de porte-étendard de la philosophie écolo qui anime le club depuis des années. Le Forest Green Rovers a pris ce virage il y a une dizaine d’années avec le rachat de Dale Vince, végan, dont l’une des premières mesures a été de bannir… les burgers et saucisses proposés aux fans.
En 2015, le club était certifié comme étant la première organisation sportive végane au monde. Encore plus symbolique, deux ans plus tard, la FIFA lui décernait le titre de club « le plus vert » de la planète. Autant de labels qui viennent récompenser de multiples dispositifs mis en place en interne : énergie générée en partie par les panneaux solaires sur le toit du stade actuel, eaux pluviales récupérées, pelouse durable sans pesticides ni herbicides…
D’une année sur l’autre, le club enregistre des baisses conséquences d’émissions tant dans la consommation de gaz que d’électricité. Alors que l’affluence aux matches a augmenté de 300% sur la décennie passée, l’empreinte carbone par supporter a été divisée par trois, pour ne pas dépasser le kilo entre 2019-2020.
Si l’équipe a bon espoir d’atteindre la division supérieure cette saison, son grand patron se félicite déjà d’avoir gagné son « match » auprès du grand public. « Nous avons 100 fan-clubs étrangers dans 20 pays différents du monde alors que nous sommes un club de quatrième division, je trouve que c'est assez exceptionnel, lâche Dale Vince. Certains sont fans de football, d’autres fans de l'environnement, parfois un peu des deux. Mais nous avons réalisé qu'en créant un club vert, un club d’un nouveau genre, nous avons créé un nouveau type de fan de football. »
Credit photo : Zaha Hadid Architects
